Les douleurs de dos chez le cheval et quelques pistes de réflexion concernant la relation cavalier/cheval au regard des avancées scientifiques.

Les premiers signes de douleur de dos du cheval sont des mauvaises performances ou des performances réduites pouvant évoluer vers des problèmes de comportement (le cheval se cabre , se dresse, s'arrête ou court aux clôtures). De nombreux chevaux se sentiront « déconnectés » de l'avant vers l'arrière, ou auront une démarche à enjambées courtes en général.

Inconfort au pansage ou simple pression sur le dos. Cela doit être interprété avec prudence car certains chevaux peuvent simplement avoir une « peau fine » et ne pas ressentir de douleurs dorsales importantes. Cependant, un changement soudain dans la réaction de votre cheval au pansage peut être un premier indicateur de douleur de dos.

Aussi la résistance à la selle, augmentation de la « circonférence » ou démarche anormale après avoir été sanglé est un signe majeur.

Mais attention, certains chevaux sont très stoïques ! Beaucoup continueront de bien performer tout en montrant des signes de douleurs de dos importantes à l'examen clinique. Un examen attentif du dos doit faire partie de toute évaluation de boiterie/santé et peut être vérifié même en l'absence de problèmes de performance.

Selon l’étude : Kinematic evaluation of the back in the sport horse with back pain  (J.Wennerstrand, C. Johnston, K. Roethlisberger-Holm, C.Erichsen, P. Eksell, S. Drevemo, BEVA 2010).

La manifestation clinique des douleurs de dos se traduit par une diminution des mouvements de flexion/extension au niveau ou à proximité de la jonction thoraco-lombaire.

Un peu de prévention en quelques points…

(selon Equinews)

Maintenir un horaire régulier de parage des sabots et de pose des fers (environ toutes les 4 à 6 semaines pour la plupart des chevaux). De légers changements dans la longueur ou l'angle des sabots peuvent faire mouvoir un cheval différemment, ce qui peut solliciter son dos et ses jambes.

S’assurer que votre cheval est en état de faire le travail qui lui est demandé. Suivre un programme d'exercices qui commence par des séances d'entraînement courtes et faciles et progresse progressivement vers des séances d'exercices plus longues et plus intenses. Une fois que votre cheval a atteint le niveau de conditionnement physique souhaité, travaillez-le suffisamment pour maintenir ce niveau. Demander soudainement à un cheval hors de forme des heures de travail - même une randonnée lente - est presque garanti de produire un mal de dos.

Pour les chevaux jeunes, plus âgés, excessivement gras ou en mauvaise condition physique, faire de l'exercice lentement et doucement. Ces chevaux ont besoin de bouger, mais ils se blessent plus facilement que les chevaux en forme au sommet de leur carrière sportive.

Faites attention aux premiers signes de douleurs de dos et accordez à votre cheval quelques jours de repos avant de reprendre son travail régulier. Une courte pause peut être tout ce qui est nécessaire pour qu'une blessure mineure se résorbe.

Chez les chevaux montés, la position et la capacité du cavalier peuvent également affecter le dos du cheval. Envisagez de faire évaluer votre conduite par un entraîneur professionnel qualifié. Un instructeur peut repérer des défauts dont vous n'êtes pas conscient, et le simple fait de corriger votre position peut permettre à votre cheval d'équilibrer plus facilement votre poids et d'éviter les blessures au dos.

Demander à un vétérinaire de vérifier votre cheval si les douleurs de dos semblent être sévères ou durent plus de quelques jours. La plupart des douleurs de dos graves ne disparaîtront pas d'elles-mêmes à moins que vous ne changiez ce que vous faites (selle, programme d'exercices, style de conduite) d'une manière ou d'une autre et solliciter une assistance vétérinaire.

Certains chevaux qui présentent des douleurs de dos peuvent avoir mal ailleurs (comme dans les jarrets ou les grassets) et se déplacer anormalement pour protéger l'autre zone. Ce portage non naturel peut entraîner des douleurs au dos. Il est important de déterminer si le cheval souffre de douleurs de dos primaires ou si elles sont secondaires à une gêne articulaire ailleurs.

La question alors que tout cavalier doit se poser, est ce que « j’abime » mon cheval ? Question tabou et pourtant…

En lisant l’étude : Towards a Postural Indicator of Back Pain in Horses (Clémence Lesimple, Carole Fureix, Emmanuel De Margerie, Emilie Sénèque, Hervé Menguy, Martine Hausberger) On apprend que sur deux populations de chevaux différents par leurs conditions de conduite (chevaux de loisir vivant en groupes sociaux utilisés pour une équitation occasionnelle et chevaux de manège « détendus » vivant en boxes individuels utilisés en cours d'équitation quotidiens avec plus de techniques contraignantes, Il est suggéré des différences posturales pouvant refléter les effets chroniques des techniques d'équitation sur la cinématique et le développement musculaire des chevaux.

En relation avec le cavalier il est intéressant de lire les résultats de l’étude : The influence of rider: horse bodyweight ratio and rider-horse-saddle fit on equine gait and behaviour: A pilot study. (S. Dyson, A. D. Ellis, R. Mackechnie-Guire, J. Douglas, A. Bondi, P. Harris, 2019 BEVA).

À mesure que la population humaine s'alourdit (Reilly and Dorosty 1999 ; Rennie and Jebb 2005 ; Han and al. 2015 ; Wang and al. 2017), le débat sur la taille relative des cavaliers et des chevaux s'intensifie.

la Fédération équestre britannique a organisé une réunion à laquelle ont participé des représentants de haut niveau de l'industrie équine britannique et il a été conclu que « des moyens innovants devraient être développés, afin que les cavaliers puissent évaluer s'ils ont le bon poids pour leur cheval, explorer les initiatives de remise en forme préalables à l'équitation et également développer des conseils pour aider les juges et les officiels à s'assurer que le bien-être des chevaux reste toujours primordial » (World Horse Welfare 2015).

Par conséquent, bien qu'il soit largement reconnu qu'une taille inappropriée du cavalier a des implications sur le bien-être des chevaux (Clayton and al. 2015), il existe un manque de preuves scientifiques fiables sur lesquelles fonder des lignes directrices. Il s'agit d'un problème multifactoriel avec de nombreux aspects interdépendants, notamment l'âge du cheval, sa forme physique et son développement musculaire, la longueur thoraco-lombaire et la présence ou l'absence de boiterie ; le type, la vitesse et la durée du travail; l'habileté, la condition physique, l'équilibre et la coordination du cavalier; la capacité du cavalier à s'asseoir droit ; l'ajustement de la selle au cheval et au cavalier ; et le terrain sur lequel le cheval est monté (Clayton and al. 2015).

L'ajustement de la selle pour le cavalier peut affecter la capacité du cheval à se déplacer confortablement (Greve and Dyson 2013b).

Il existe peu d'informations sur l'influence de différents cavaliers montant successivement le même cheval. L'effet d'un cavalier novice versus un cavalier de dressage expérimenté de poids corporel similaire (65 kg) a été comparé au trot assis sur des chevaux boiteux ; il y avait une augmentation de la boiterie des membres postérieurs chez le cavalier de dressage (Licka and al. 2004), peut-être parce que le cavalier le plus expérimenté demandait un engagement accru des membres postérieurs.

Une proportion élevée de selles mal ajustées dans la population générale de chevaux a déjà été signalée (Greve and Dyson 2014, 2015). Des travaux antérieurs montrent que des selles mal ajustées ont le potentiel d'affecter négativement la distribution et l'ampleur de la force (Cocq and al. 2006 ; Meschan and al. 2007 ; Kotschwar and al. 2010 ; von Peinen and al. 2010) et la performance équine (Greve and al. 2015).

En conclusion, il est clairement démontré les effets délétères d'une taille inappropriée du cavalier sur la démarche et le comportement des équidés. Les résultats suggèrent que toute influence négative d'un équipement moins qu'idéal pour le cheval ou le cavalier peut être accentuée par des cavaliers plus lourds et/ou plus grands. Les résultats ne signifient pas que les cavaliers lourds ou grands ne devraient pas monter, mais suggèrent que, s'ils le font, ils devraient monter un cheval de taille et de forme physique appropriées, avec une selle correctement ajustée pour le cheval et le cavalier.

Rappelez vous que pas d’abdos = pas de dos.

Et que le travail encolure basse = prérequis indispensable au bon fonctionnement du dos.

Pour plus d’informations n'hésitez pas à contacter votre vétérinaire, votre coach et envoyez moi un message pour une prise en charge.

Le Blog

Voir tous les articles